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Je ne crois pas aux mauvaises postures!

  • Photo du rédacteur: Stéphanie L'Heureux
    Stéphanie L'Heureux
  • 15 janv.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 mars

mauvaise posture au bureau
mauvaise posture

Lorsqu'on parle d’ergonomie, le débat autour des « bonnes » et « mauvaises » postures revient souvent. Pourtant, comme ergonome, je ne crois pas à cette dichotomie simpliste. Une posture « non optimale » est rarement choisie par hasard. Elle résulte d’un ensemble de contraintes imposées par l’environnement de travail, auxquelles s’ajoute la réponse du corps ou de l’esprit sous forme d’astreintes.

Dans cet article, nous explorerons pourquoi les soi-disant mauvaises postures ne sont souvent qu’un symptôme d’un problème plus profond. Nous verrons aussi comment comprendre et corriger ces facteurs pour améliorer véritablement le bien-être au travail. 

 


Une posture « inconfortable » n’est jamais anodine 

 

Les postures que l’on adopte en travaillant sont souvent des réponses directes aux contraintes de l’environnement ou des équipements, ainsi qu’aux astreintes qu’elles imposent au corps. Lorsqu’une position devient inconfortable, c’est généralement le signe que le corps compense pour s’adapter, mobilisant des ressources physiques ou cognitives afin de réduire l’effort ou la gêne ressentis. 

 

Par exemple : 

 

- Une chaise trop haute : 

  Lorsque les pieds ne touchent pas le sol, cela entraîne souvent un inconfort au niveau des jambes. Pour compenser, la personne s’adapte en posant les pieds sur le pied de la chaise, en croisant les jambes ou en s’asseyant en tailleur. 

 

- Une assise trop profonde : 

  Si le dossier est trop éloigné, le dos peine à trouver un appui adéquat. Cela peut forcer la personne à s’affaler ou à s’asseoir sur le bord de la chaise pour maintenir une position plus confortable. 

 

- Des accoudoirs trop écartés : 

  Une mauvaise disposition des accoudoirs oblige souvent à s’appuyer d’un seul côté, ce qui crée une posture asymétrique et peut engendrer des tensions dans le haut du corps. 

 

- Une chaise trop basse : 

  Lorsque le siège est positionné trop bas par rapport à la surface de travail, cela impose un effort accru aux bras et au cou. Pour s’ajuster, la personne peut s’asseoir sur une jambe ou incliner son dos vers l’avant. 

 

- Difficulté à lire l’écran : 

  Un écran mal positionné ou une taille de texte inadéquate peut entraîner une flexion prolongée du dos et des efforts visuels importants, qui s’accompagnent d’un désalignement du corps. 

 

Ces exemples montrent que les postures qualifiées de « mauvaises » ne sont pas un problème en elles-mêmes, mais des réponses logiques à des inconforts ou des sollicitations excessives. Elles révèlent la manière dont le corps réagit face aux astreintes imposées par l’environnement et les équipements. Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d'autres, les causes et réponses possibles étant aussi variées que les individus et les situations de travail. Comprendre ces mécanismes est essentiel pour proposer des solutions adaptées qui respectent les capacités et les besoins de chaque individu. 

 

Les véritables causes des postures « non ergonomiques »

Pour comprendre pourquoi une personne adopte une posture particulière, il est essentiel d’analyser les éléments extérieurs et leur impact sur le corps. Voici les principaux facteurs contributifs :


1. Des équipements mal adaptés

Un poste de travail conçu sans tenir compte de la diversité des morphologies humaines peut imposer des contraintes physiques, forçant l’utilisateur à compenser.


2. Un mauvais ajustement

Même les meilleurs équipements ergonomiques, s’ils sont mal configurés, peuvent générer des inconforts inutiles. Ajuster correctement les outils de travail est crucial pour éviter les efforts prolongés.


3. Des habitudes de travail

Des années passées à s’adapter à un environnement imparfait peuvent ancrer des postures compensatoires. Ces habitudes deviennent automatiques et sont difficiles à changer sans intervention.


4. Un manque de sensibilisation

De nombreuses personnes ignorent comment reconnaître les signes d’un poste de travail mal configuré. Elles s’habituent à des inconforts ou à des tensions qu’elles considèrent comme inévitables.


5. Un besoin de confort immédiat

Lorsqu’une position devient inconfortable, le corps cherche des solutions rapides pour soulager la gêne. Ces adaptations, bien que bénéfiques sur le moment, peuvent aggraver les déséquilibres sur le long terme.



Comment améliorer l’ergonomie et limiter les tensions

L’objectif en ergonomie est de réduire les contraintes imposées par l’environnement pour minimiser les efforts et les tensions inutiles sur le corps. Voici quelques pistes :


1. Investir dans des équipements ergonomiques

Choisissez des outils ajustables, comme des chaises réglables, des bureaux ajustables et des repose-pieds. Ces équipements permettent de mieux répondre aux besoins individuels.


2. Configurer correctement le poste de travail

Adaptez chaque poste en fonction des utilisateurs, par exemple :

  •     Placez l’écran à hauteur des yeux pour limiter les efforts au niveau du cou.

  •     Positionnez le clavier et la souris à portée naturelle pour éviter les tensions des épaules.

  •     Assurez-vous que les pieds reposent à plat sur le



    sol ou sur un repose-pieds.


3. Former et sensibiliser

Expliquer aux utilisateurs comment reconnaître les signes de fatigue ou de tensions et les guidez dans l’ajustement de leur poste.


4. Encourager le mouvement

Même avec une posture optimale, rester immobile trop longtemps peut entraîner des inconforts. Incitez à changer régulièrement de position et à prendre des pauses pour bouger.


5. Observer et ajuster en continu

L’ergonomie est un processus dynamique. Des ajustements réguliers permettent de prévenir les inconforts avant qu’ils ne deviennent des problèmes chroniques.


Conclusion

Il est temps de revoir la notion de « mauvaises » postures. Ce que nous percevons comme une position inadéquate est souvent une réponse logique aux exigences de l’environnement ou aux habitudes de travail. En identifiant et en corrigeant les causes profondes, nous pouvons améliorer considérablement le bien-être au travail.

La véritable ergonomie vise à créer des environnements qui respectent les besoins et la diversité des individus, sans imposer des efforts inutiles.



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